Sanofi traque les faux médicaments sophistiqués

6 godzin temu

« Si je vous l'injecte, vous mourez assez rapidement » : impossible pourtant, à l'œil nu, de distinguer ce faux médicament de l'authentique. À Tours, au laboratoire central d'analyse des contrefaçons de Sanofi, les échantillons suspects sont passés au crible.

« Il faut continuer la lutte » contre la falsification de médicaments, un fléau mondial « devenu sophistiqué », déclare Nathalie Tallet, responsable du laboratoire. Elle porte une blouse blanche intégrale, des sur-chausses et des lunettes de sécurité superposées sur sa paire corrective.

Opération internationale massive

Une récente opération contre le trafic de médicaments menée dans 90 pays a conduit à l'arrestation de près de 800 personnes. Les autorités ont également saisi des produits illicites pour une valeur de 56 millions d'euros, selon Interpol.

Les médicaments falsifiés, dont le trafic est facilité par l'explosion du commerce électronique et la multiplication de sites non réglementés, représentent un danger majeur. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce sont des produits dont l'identité, la composition ou la source est délibérément représentée de façon trompeuse.

Compositions dangereuses variées

Ces faux médicaments peuvent contenir soit les bons ingrédients mais dans un dosage incorrect, soit un autre composé actif, ou męme aucune substance active. Ils peuvent également contenir de mauvais excipients.

Il peut aussi s'agir de vrais médicaments détournés pour ętre revendus illégalement et utilisés comme dopants ou psychotropes. Quand une autorité de santé demande au laboratoire d'enquęter sur un produit suspect faisant l'objet d'une alerte des douanes ou des autorités de santé, débute alors un travail de vérification sur la traçabilité.

Processus d'enquęte minutieux

« On va interroger nos bases de données, avec le nom du produit, son numéro de lot, sa date de fabrication, de péremption », détaille la pharmacienne à la tęte d'une équipe de douze personnes. En cas d'incohérences, l'étape suivante consiste à récupérer les échantillons pour en vérifier le contenu.

Si le système de détection confirme que le produit suspect est falsifié, le laboratoire émet un rapport aux autorités compétentes. Remonter à la source peut s'avérer ardu, le médicament pouvant ętre fabriqué à un endroit et conditionné à un autre, souvent proche de la source de vente.

Protection des populations vulnérables

Il faut « protéger les populations qui n'ont pas la chance d'avoir des médicaments », affirme Nathalie Tallet. Elle a déjà témoigné devant des tribunaux au Kenya, en Jordanie, aux Philippines sur le danger des falsifications.

Tout est passé en revue pour détecter un éventuel écart sur le poids, l'étui, les codes de série, les lettres, le liseré d'emballage, les techniques d'impression, la nature du produit, son aspect. D'autres grands groupes pharmaceutiques, comme Servier, ont aussi leur propre laboratoire d'analyses pour détecter les faux médicaments et leurs flux illicites.

Ampleur du phénomène

Le laboratoire de Sanofi reçoit « entre 1.000 et 2.000 demandes par an » d'analyses et compte « entre 100 et 200 cas » confirmés de faux médicaments. Il recense également « une centaine de cas de trafic illicite ».

« Depuis quelques années, l'Amérique latine et l'Asie du sud-est sont vraiment les deux régions géographiques qui nous font travailler », observe Nathalie Tallet. En 2008, année de création du laboratoire, les faux médicaments étaient « beaucoup plus faciles à détecter », se souvient-elle.

Sophistication croissante

Maintenant avec l'évolution technologique, « on peut tout imaginer ». Preuve à l'appui, elle tient dans chaque paume une boîte a priori identique de comprimés comportant des inscriptions en chinois sur l'étui.

Seule une machine équipée d'une caméra grossissante, munie de différents types d'éclairages et de filtres fait ressortir les défauts visuels de la boîte contrefaite : la police de caractères diffère. Les échantillons liquides, aussi, sont sous surveillance.

Dangers mortels cachés

« Si je vous l'injecte, vous mourez assez rapidement », met en garde un autre collaborateur, plaçant un flacon sous un microscope à grande profondeur de champ. Ce spécimen fait partie d'une dizaine de flacons thérapeutiques contrefaits dans un pays étranger, interceptés à temps il y a quelques années.

Un dérivé d'amidon, produit peu coûteux, remplace le principe actif alors que le flacon légitime vaut, lui, « plusieurs milliers d'euros » pour traiter des maladies rares. La cause du danger réside cependant ailleurs : dans la solution flotte un plancton de particules de « verre », de « ferraille », « des fibres qui peuvent provoquer une embolie ».

Contaminations diverses

D'autres affaires anciennes ont révélé la présence de détergents dans des vaccins pédiatriques en Indonésie ou encore un antibiotique dans un anti-cancéreux. Des contaminations microbiennes ont également été découvertes, garde en mémoire Nathalie Tallet.

« Il n'y a pas que les douanes qui nous remontent des cas. Il peut y avoir aussi des patients et des professionnels de santé qui observent des bizarreries sur le produit, le prix de vente ou des effets secondaires », précise-t-elle.

(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.

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