États-Unis : 520 000 Haïtiens menacés d'expulsion par Trump

11 godzin temu

Plus de 500.000 Haïtiens vivent aux États-Unis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tęte. Dotés d'un statut de protection temporaire, ils vivent tétanisés à la seule idée de sortir dans la rue et d'ętre arrętés pour ętre expulsés.

Clarens (dont le prénom est modifié) avait fui Port-au-Prince en 2024. Il s'était dirigé vers les États-Unis, où il a obtenu le TPS, le statut accordé par Washington aux Haïtiens dans la foulée du séisme de 2010 mais révoqué récemment par l'administration Trump.

La fin du ręve américain

« J'étais venu ici chercher un refuge et voilà qu'on veut me chasser. Je croyais au ręve américain, et je pensais pouvoir accueillir le reste de ma famille ici. Je croyais que nous allions pouvoir nous épanouir aux États-Unis », dit-il à l'AFP.

À Miami ou à New York, villes américaines comptant les plus importantes diasporas haïtiennes, la peur est omniprésente, racontent à l'AFP une dizaine d'acteurs ou de membres de la communauté. « C'est la panique totale, c'est toute la communauté qui souffre car męme si votre statut temporaire n'est pas encore révoqué, les agents de l'ICE (police fédérale de l'immigration) sont dans les rues et peuvent arręter n'importe qui », confie Clarens.

Le couperet du 2 septembre

Après avoir annulé sa prolongation jusqu'en février 2026, l'administration de Donald Trump a révoqué définitivement fin juin ce statut accordé à 520.000 Haïtiens. Le couperet tombera le 2 septembre.

Un tribunal de New York a bloqué la mesure mais le répit risque d'ętre bref, explique Stephanie D. Delia, avocate américano-haïtienne spécialiste des questions migratoires. « Je ne vois pas de scénario dans lequel ce statut sera prolongé (...) imaginez ce que cela veut dire pour une personne qui vit avec ce statut depuis 15 ans, qui a bâti sa vie ici, et à qui l'on dit qu'elle a moins de six mois pour faire ses valises et partir », dit-elle.

La peur au quotidien

Dans le quartier « Little Haiti » de Brooklyn, à New York, plusieurs craignent d'aller au marché, à l'église, au travail, voire à la clinique, par crainte d'ętre arrętés par les agents masqués de l'ICE. « Les gens regardent la télé, voient des migrants arrętés męme si leurs papiers sont encore en règle. À la clinique, le nombre de personnes avec un statut temporaire qui viennent consulter est passé d'environ 300 à 30 par jour », explique le directeur d'une clinique de santé publique requérant l'anonymat.

« Il y a une crise sociale qui bout. Le feu est à "moyen", mais il sera bientôt à "vif" ». Directrice de l'association « Haitian Bridge Alliance », Guerline Jozef a reçu nombre de témoignages en ce sens, notamment celui d'une femme « en détresse totale ».

Familles séparées et précarité

« Elle a deux enfants de moins de dix ans nés aux États-Unis. Qu'est-ce qui va lui arriver ? Elle sera expulsée et séparée de ses enfants ? ». « Sans statut, les gens n'auront plus la capacité de travailler, de payer leur loyer, et vont donc se retrouver à la rue », renchérit la militante haïtienne Pascale Solages.

« Les conditions sont créées pour que les gens s'auto-déportent car ils n'arriveront plus à subvenir à leurs besoins aux États-Unis », dit-elle, en référence au gouvernement Trump qui propose 1.000 dollars aux migrants pour retourner dans leur pays d'origine.

L'exode vers le Canada

Ces dernières semaines, des Haïtiens au statut temporaire ont choisi une autre option : le Canada. « Nous recevons beaucoup de demandes d'information, de coups de fils. Et nous recevons 10 à 15 personnes par jour, avec ou sans leur famille », témoigne Marjorie VilleFranche, directrice de la Maison d'Haïti, une association d'accueil à Montréal, où vit une importante communauté haïtienne.

En vertu d'une entente sur les tiers pays sûrs, les Haïtiens aux États-Unis peuvent demander l'asile au Canada s'ils y ont de la famille. Les autres peuvent s'y rendre par la frontière terrestre et demander l'asile dans les 14 premiers jours après leur entrée sur le territoire.

Afflux record à la frontière

Contactée par l'AFP, l'Agence canadienne des services frontaliers a dit constater un afflux de demandeurs d'asile au poste frontière de Saint-Bernard-de-Lacolle, à la lisière du Québec et de l'État de New York. Du 1er janvier au 6 juillet, 8.396 demandes d'asiles ont été reçues à ce point de passage, contre 4.613 pour la męme période l'an dernier.

Premier pays d'origine des demandeurs ? Haïti. Clarens, lui, ne voit pas comment il pourrait migrer au Canada et attendre des années sans sa famille, dans l'espoir d'obtenir un statut de réfugié.

Retour vers la violence

La perspective de rentrer dans le pays le plus pauvre des Amériques, rongé par la violence des bandes criminelles, le fait frémir. Plus de 3.000 personnes ont été tuées en Haïti durant les six premiers mois de l'année, selon l'ONU.

Le département d'État demande, lui, aux citoyens américains « de ne pas voyager » en Haïti en raison des risques d'enlèvements par les gangs. « Les gangs contrôlent tout, ils ont des informateurs qui surveillent ceux qui entrent et sortent du pays. Dans leur tęte, si on vit aux États-Unis, c'est qu'on a de l'argent », craint Clarens. « Nous deviendrons donc des cibles de kidnappings pour les gangs (...) Nous renvoyer là-bas, c'est comme nous envoyer à la mort, à la boucherie ».

(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.

Idź do oryginalnego materiału